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Analyse du Document 5 : "Quels sont les déterminants de l'investissement des entreprises ?"

Sujet principal

Ce document, écrit par William De Vijlder pour Eco conjoncture (octobre 2016), présente une synthèse des recherches empiriques récentes sur les facteurs déterminants de l'investissement des entreprises, en s'appuyant sur diverses études économétriques.

Idées principales

  1. Importance macroéconomique de l'investissement:
    • L'investissement des entreprises, volatil par nature, a un impact notable sur la variabilité du PIB.
    • Il influence également la production potentielle et son taux de croissance.
    • Son redressement a été lent après la Grande Récession.
  2. Principaux déterminants identifiés par les études empiriques:
    • La demande anticipée apparaît comme le facteur explicatif principal de l'investissement.
    • L'incertitude joue un rôle négatif significatif, particulièrement en période de récession.
    • Le coût du capital et les contraintes financières ont un impact plus secondaire mais réel.
    • Les anticipations des dirigeants d'entreprises ont un pouvoir explicatif important sur les plans d'investissement.
  3. Résultats spécifiques des recherches empiriques:
    • Bussière et al. (2015): la demande anticipée est la principale variable explicative; l'incertitude devient négative en période de récession; les contraintes financières restent secondaires.
    • Palenzuela et Dees (2016): impact positif important de l'utilisation des capacités et de la croissance du chiffre d'affaires; effet négatif significatif du coût du financement extérieur.
    • Barkbu et al. (2015): modèle d'accélérateur performant mais sous-estimation de l'investissement pendant la crise de la dette; effets significatifs des contraintes financières, de l'incertitude et de l'endettement.
  4. Facteurs psychologiques et comportementaux:
    • Gennaioli et al. (2015): forte corrélation entre les anticipations des directeurs financiers et les plans d'investissement.
    • Tendance à l'extrapolation excessive des résultats récents dans les anticipations, expliquant potentiellement la volatilité des investissements.
    • Kothari et al. (2015): relation négative entre investissement et croissance bénéficiaire future, suggérant des décisions d'investissement inopportunes.

Analyse et conclusions

  • L'investissement des entreprises dépend essentiellement de trois catégories de facteurs:
    1. Le chiffre d'affaires anticipé par rapport aux capacités disponibles
    2. Les conditions de financement
    3. Le niveau de confiance par rapport à l'incertitude
  • La corrélation parfois positive entre taux d'intérêt et investissement s'explique par leur réaction commune à l'amélioration des perspectives économiques.
  • Les anticipations des dirigeants, souvent basées sur l'extrapolation des performances récentes, peuvent conduire à des cycles d'investissement excessifs dans les deux sens.
  • L'étude du FMI (2015) confirme l'impact négatif de l'incertitude sur l'investissement, particulièrement dans les secteurs les plus sensibles.

Chiffres importants

  • 0,45 : R² ajusté obtenu par Bussière et al. dans leur modèle expliquant l'investissement
  • 0,6 point : augmentation des prévisions de croissance des investissements associée à une progression d'un point des anticipations des directeurs financiers selon Gennaioli et al.
  • 5 facteurs significatifs identifiés par Banerjee et al.: pente de la courbe de taux, excédent de rendement des marchés actions, mesure de l'incertitude, anticipations de résultats, coût du financement extérieur

Critiques et limitations

  • Le document présente une vision principalement conventionnelle des déterminants de l'investissement, centrée sur des facteurs microéconomiques et des anticipations individuelles.
  • Des économistes hétérodoxes pourraient souligner l'absence d'analyse des facteurs institutionnels et macroéconomiques structurels comme les politiques d'austérité, la financiarisation de l'économie ou les inégalités.
  • L'approche post-keynésienne soulignerait davantage le rôle de la demande agrégée et des perspectives de long terme plutôt que les seuls coûts du capital ou contraintes financières.
  • Le document n'aborde pas suffisamment les effets d'éviction potentiels entre investissement financier et investissement productif.
  • L'analyse ne tient pas compte des spécificités sectorielles ou nationales qui peuvent modifier substantiellement la hiérarchie des déterminants de l'investissement selon les contextes.