Analyse du Document 3 : "L'investissement des entreprises françaises est-il efficace ?"
Sujet principal
Ce document, extrait de l'ouvrage de Sarah Guillou, Caroline Mini et Rémi Lallement (2018), analyse la concentration de l'investissement des entreprises en France en fonction de leur taille, mettant en évidence une forte polarisation au profit des grandes entreprises.
Idées principales
- Disparités de taux d'investissement selon la taille des entreprises:
- Depuis 2000, le taux d'investissement des PME se situe entre 15% et 18%, niveau inférieur à celui des ETI et encore plus faible que celui des grandes entreprises.
- Le taux d'investissement est plus stable pour les PME que pour les grandes entreprises, où il fluctue entre 18% et 29% sur la période étudiée.
- Forte concentration de l'effort d'investissement:
- Les grandes entreprises et les ETI, représentant moins de 1% du nombre total d'entreprises mais 57% de la valeur ajoutée et 51% de l'effectif salarié en 2017, ont réalisé en moyenne 70% de l'investissement des entreprises en France sur la période 2000-2014.
- Selon l'INSEE, 2,1% des entreprises ont réalisé en 2015 près de 86% du montant total de l'investissement des secteurs principalement marchands, non agricoles et non financiers.
- Évolution de cette concentration:
- La concentration ne semble guère s'être atténuée sur la période 2010-2014.
- Le poids relatif des grandes entreprises dans le total des investissements s'est légèrement réduit au profit de celui des ETI.
- La part relative des PME et des très petites entreprises (TPE) est restée plutôt stable au cours des 15 années étudiées.
Analyse et conclusions
- Cette forte concentration de l'investissement pose la question du renouvellement du tissu d'entreprises en France.
- Les auteurs écartent l'hypothèse selon laquelle le fort poids relatif des grandes entreprises serait dû au fait que des PME, filiales de grands groupes, profiteraient des investissements de ces derniers.
- La base de données utilisée permet de tenir compte de l'existence de groupes d'entreprises, validant ainsi la réalité de cette concentration.
- Le document ne se prononce pas définitivement sur le caractère normal ou problématique de cette concentration, faute de données comparables sur le taux d'investissement selon la taille des entreprises dans d'autres pays.
Chiffres importants
- 15-18% : taux d'investissement des PME françaises depuis 2000
- 18-29% : fourchette de fluctuation du taux d'investissement des grandes entreprises
- Moins de 1% : part des grandes entreprises et ETI dans le nombre total d'entreprises
- 57% : part des grandes entreprises et ETI dans la valeur ajoutée totale
- 51% : part des grandes entreprises et ETI dans l'effectif salarié
- 70% : part moyenne des grandes entreprises et ETI dans l'investissement total (2000-2014)
- 86% : part de l'investissement total réalisée par 2,1% des entreprises en 2015
Critiques et limitations
- Le document ne fournit pas d'analyse comparative internationale qui permettrait de déterminer si cette concentration est spécifique à la France ou constitue une caractéristique commune à d'autres économies développées.
- L'étude ne présente pas d'analyse sectorielle détaillée qui pourrait expliquer certaines disparités de taux d'investissement.
- Des économistes hétérodoxes pourraient s'interroger sur les effets de cette concentration sur la dynamique d'innovation et la vitalité du tissu économique français.
- L'absence d'analyse des causes structurelles de cette concentration (accès au financement, fiscalité, environnement réglementaire, etc.) limite la portée explicative du document.
- Le document ne traite pas des implications de cette concentration pour l'efficacité globale de l'investissement en France, malgré ce que suggère son titre.