Analyse du Document 2 : "Stimuler l'investissement pour une croissance plus forte et durable"
Sujet principal
Ce document des Perspectives économiques de l'OCDE analyse l'évolution de la répartition mondiale des investissements, particulièrement la montée en puissance des économies émergentes, les dynamiques des flux d'investissements directs étrangers (IDE), et leurs impacts sur les économies développées.
Idées principales
- Nouvelle répartition mondiale de l'investissement:
- La part de l'investissement mondial localisée dans les économies émergentes a considérablement augmenté ces dix dernières années.
- La Chine représente désormais environ 16,5% de la production mondiale mais plus de 30% des dépenses d'investissement mondiales, dont un sixième consacré au logement.
- La Chine est devenue la première destination pour les flux d'IDE internationaux.
- Évolution des flux d'IDE:
- Les économies de l'OCDE ont reçu moins de la moitié des flux totaux d'IDE en 2011-13, contre environ quatre cinquièmes durant les années 90.
- La réduction de cette part a été particulièrement prononcée dans la zone euro depuis la crise.
- La majorité des projets d'IDE de création se situent aussi hors OCDE, avec la Chine recevant environ 10% des projets entièrement nouveaux.
- La Chine est également devenue une source importante de flux sortants d'IDE (plus de 7% des flux mondiaux depuis 2008).
- Impact des IDE sur l'investissement dans les pays d'origine:
- L'effet théorique des IDE sortants sur l'investissement dans le pays d'origine n'est pas évident.
- Les EMN horizontales (produisant des biens et services connexes dans le pays d'origine et d'accueil) ont tendance à substituer l'investissement à l'étranger à l'investissement intérieur.
- Les EMN verticales (fragmentant le processus de production entre différents pays) ont un impact ambigu, avec potentiellement une complémentarité entre activités à l'étranger et domestiques.
- Impact indirect des capacités dans les économies émergentes:
- La création de capacités excessives dans certains secteurs à l'échelle mondiale a entraîné des baisses de prix et une érosion des bénéfices et de la rentabilité des investissements supplémentaires.
- Ce développement excessif peut résulter d'interventions des pouvoirs publics, comme l'octroi de crédits administrés ou d'incitations favorisant l'accroissement des capacités.
Analyse et conclusions
- La mobilité internationale du capital fixe élargit l'éventail des facteurs influençant les investissements dans chaque lieu.
- Les IDE horizontaux tendent à se substituer à l'investissement domestique, avec une réduction potentielle de l'investissement intérieur dans une proportion d'un pour un.
- Pour les IDE verticaux, certaines études montrent qu'une hausse de 10% de l'investissement étranger peut s'accompagner d'un surcroît d'investissement intérieur de 2,6%.
- La délocalisation des investissements peut être freinée indirectement par l'évolution dans les économies émergentes, notamment les surcapacités dans certains secteurs.
Chiffres importants
- 30%: part des dépenses d'investissement mondiales réalisées par la Chine
- 16,5%: part de la production mondiale représentée par la Chine
- Moins de 50%: part des flux d'IDE reçus par les économies de l'OCDE en 2011-2013, contre 80% dans les années 90
- 10%: part approximative des projets d'IDE entièrement nouveaux localisés en Chine
- 7%: part des flux sortants d'IDE mondiaux provenant de la Chine
- 1-2,5% du PIB: investissements en actifs corporels par les entreprises sous contrôle étranger dans la majorité des économies de l'OCDE
- 4-6% du PIB: même proportion dans quelques petites économies ouvertes européennes
Critiques et limitations
- Le document n'aborde pas suffisamment les questions de souveraineté économique et technologique liées aux flux d'IDE.
- Les économistes hétérodoxes pourraient critiquer la vision trop positive des flux internationaux de capitaux sans considération suffisante des inégalités territoriales et sociales qu'ils peuvent engendrer.
- La hausse des capacités dans les économies émergentes est présentée comme potentiellement problématique pour les économies développées, sans analyse approfondie des bénéfices mutuels possibles.
- Le document ne traite pas des enjeux environnementaux liés à cette nouvelle répartition mondiale de l'investissement.
- L'analyse présuppose largement l'efficience des marchés mondiaux de capitaux, hypothèse contestée par certains courants de pensée économique.