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Analyse du Document 12 : "Enquête de la BEI sur l'investissement : synthèse concernant l'Union européenne"

Sujet principal

Ce document, publié par la Banque européenne d'investissement (BEI) en 2024, présente les principaux résultats de son enquête annuelle sur l'investissement des entreprises dans l'Union européenne, couvrant les tendances d'investissement, les obstacles, les réponses aux défis énergétiques et climatiques, et les dynamiques d'innovation et de digitalisation.

Idées principales

  1. Dynamique et tendances d'investissement :
    • Malgré le ralentissement économique et le durcissement monétaire, 85% des entreprises européennes confirmaient avoir investi l'année précédente (entretiens menés entre avril et juillet 2023).
    • Plus d'entreprises prévoyaient d'augmenter leurs investissements que de les diminuer (solde net positif de 14%).
    • 13% des entreprises déclaraient avoir sous-investi au cours des trois années précédentes.
    • Les priorités d'investissement pour les trois années à venir étaient : le remplacement de capacités (34%), le renforcement des capacités (30%), et le développement de nouveaux produits/services (26%).
    • Les entreprises restaient négatives quant au contexte politique, réglementaire et économique, mais voyaient une évolution légèrement positive concernant les perspectives commerciales et l'accès aux financements internes.
  2. Impact de la crise énergétique et adaptation :
    • Les entreprises européennes ont été particulièrement touchées par le choc énergétique : 68% ont déclaré une augmentation des dépenses énergétiques de 25% ou plus, contre seulement 30% aux États-Unis.
    • Stratégies d'adaptation différentes entre l'UE et les États-Unis : en Europe, 78% des entreprises ont proposé des stratégies d'économies d'énergie, 67% ont renégocié leurs contrats énergétiques et 62% ont répercuté les coûts sur leur clientèle.
    • Aux États-Unis, la stratégie la plus courante (59% des entreprises) était de répercuter les coûts sur les clients.
  3. Actions face aux changements climatiques :
    • 64% des entreprises de l'UE ont été affectées par les risques physiques des changements climatiques, mais seulement 36% ont déjà pris des mesures pour renforcer leur résilience.
    • 13% seulement ont souscrit une assurance pour compenser les pertes liées au climat.
    • Les entreprises sont divisées sur l'impact de la transition vers des normes climatiques plus strictes : 33% la considèrent comme un risque, 29% comme une opportunité, et 38% estiment qu'elle n'aura aucune incidence.
    • 90% des entreprises européennes ont déjà pris des mesures pour réduire leurs émissions de gaz à effet de serre.
    • 59% investissent dans l'efficacité énergétique (augmentation de 11 points en un an), 67% dans la réduction et le recyclage des déchets.
  4. Innovation et digitalisation :
    • Retard des entreprises européennes en matière d'innovation : 39% ont développé ou mis sur le marché de nouveaux produits, procédés ou services, contre 57% des entreprises américaines.
    • Similitude concernant les innovations majeures : environ 12% des entreprises européennes et américaines ont lancé des innovations nouvelles à l'échelle nationale ou mondiale.
    • 70% des entreprises de l'UE utilisent au moins une technologie numérique de pointe, un pourcentage similaire à celui des États-Unis.
    • Forces européennes dans la robotique et les technologies des plateformes numériques, mais retard dans des technologies clés comme l'intelligence artificielle.
  5. Obstacles à l'investissement et accès au financement :
    • Principaux obstacles identifiés : coûts de l'énergie (83% des entreprises), manque de compétences (81%) et incertitude (78%).
    • Détérioration des conditions de financement : la part des entreprises insatisfaites du coût du financement est passée de 5% à 14%.
    • 6,1% des entreprises sont restreintes dans leurs possibilités de financement (+1,4 point par rapport au précédent record).
    • Les PME sont particulièrement touchées (7,2% restreintes dans leurs possibilités de financement).

Analyse et conclusions

  • L'enquête révèle une résilience notable de l'investissement européen malgré le contexte économique défavorable et la crise énergétique.
  • L'adaptation au choc énergétique a été plus diversifiée et orientée vers l'efficacité en Europe qu'aux États-Unis, reflétant des approches différentes face aux défis environnementaux.
  • Les entreprises européennes prennent des mesures concrètes pour réduire leur impact environnemental, avec une forte augmentation des investissements dans l'efficacité énergétique.
  • Le retard européen en matière d'innovation, particulièrement dans les technologies de pointe comme l'IA, constitue une vulnérabilité structurelle face à la concurrence internationale.
  • Le resserrement des conditions de financement affecte particulièrement les PME et pourrait compromettre les investissements nécessaires aux transitions numériques et écologiques.

Chiffres importants

  • 85% : proportion d'entreprises européennes ayant investi l'année précédente
  • +14% : solde net positif d'entreprises prévoyant d'augmenter leurs investissements
  • 68% vs 30% : entreprises ayant connu une hausse des dépenses énergétiques de 25%+ (UE vs USA)
  • 78% : entreprises européennes proposant des stratégies d'économies d'énergie
  • 90% : entreprises ayant pris des mesures pour réduire leurs émissions de GES
  • 59% : entreprises investissant dans l'efficacité énergétique (+11 points en un an)
  • 39% vs 57% : entreprises ayant développé des innovations (UE vs USA)
  • 70% : entreprises utilisant au moins une technologie numérique de pointe
  • 83% : entreprises citant les coûts de l'énergie comme obstacle majeur
  • 5% → 14% : augmentation des entreprises insatisfaites du coût du financement
  • 6,1% : entreprises restreintes dans leurs possibilités de financement (+1,4 point)

Critiques et limitations

  • Le document présente principalement des données descriptives sans analyser en profondeur les causes structurelles des différences observées entre l'UE et les États-Unis.
  • Une perspective hétérodoxe pourrait souligner que l'enquête n'examine pas suffisamment les modèles d'affaires des entreprises et leur compatibilité avec les objectifs climatiques de long terme.
  • L'analyse ne différencie pas clairement les dynamiques d'investissement selon les pays membres de l'UE, masquant potentiellement d'importantes disparités régionales.
  • Le document mentionne brièvement que les contraintes de financement sont plus importantes en Europe centrale, de l'Est et du Sud-Est, mais n'explore pas les inégalités territoriales au sein de l'UE.
  • L'enquête se concentre sur l'auto-évaluation par les entreprises, ce qui peut introduire des biais de perception dans les résultats, notamment concernant leur action climatique.
  • Le document n'aborde pas l'adéquation des investissements actuels avec les besoins de transformation profonde de l'économie européenne pour atteindre la neutralité carbone.