Analyse du Document 11 : "Quelle utilisation de l'IA au service de l'investissement durable ?"
Sujet principal
Ce document, rédigé par Skander Kamoun, Lead Data Scientist chez Ardian (05/12/2024), examine comment l'intelligence artificielle (IA) révolutionne le secteur de l'investissement, particulièrement dans la transition vers une économie durable, en facilitant l'analyse de données complexes tout en soulignant les précautions nécessaires dans son utilisation.
Idées principales
- Adoption croissante de l'IA dans la finance et l'investissement :
- 58% des services financiers mondiaux utilisent l'IA classique et générative en 2024.
- 90% des équipes financières prévoient de déployer une solution basée sur l'IA d'ici 2026.
- Le secteur financier affiche l'un des taux d'adoption les plus élevés de cette technologie, aux côtés de la santé, du commerce de détail et de l'industrie manufacturière.
- Applications de l'IA dans l'investissement durable :
- Collecte et analyse de vastes volumes de données pour identifier les opportunités d'investissement alignées sur les critères de développement durable.
- Aide à la prise de décisions éclairées en cohérence avec les objectifs environnementaux et financiers.
- Optimisation du pilotage des investissements dans les secteurs à fort impact environnemental comme les infrastructures et les énergies renouvelables.
- Développement de solutions technologiques pour aligner les portefeuilles d'investissement sur les objectifs de l'Accord de Paris et de l'Union européenne.
- Cas concrets d'utilisation chez Ardian :
- Plateforme Opta : outil de gestion des investissements en énergies renouvelables qui optimise un portefeuille de plus de 2,5 gigawatts d'actifs.
- Suivi des opérations et de la stratégie de mise sur le marché de l'électricité via un système d'alerte et de simulation intelligent.
- Ardian Air Carbon : plateforme d'aide à la quantification et à la réduction des émissions de scope 3 pour les aéroports en portefeuille, qui représentent environ 96% des émissions liées aux activités aéroportuaires.
- Limites et précautions dans l'utilisation de l'IA :
- Vulnérabilité aux biais et erreurs liés à la qualité des données d'entraînement.
- Nécessité d'une utilisation raisonnée et prudente : l'IA reste un outil d'aide à la décision et ne remplace pas le jugement humain.
- Importance de la provenance et de la vérification des données : privilégier les sources directes (entreprises en portefeuille) plutôt que les sources publiques.
- Responsabilisation des entreprises en portefeuille dans la vérification des informations transmises.
Analyse et conclusions
- L'IA apparaît comme un outil stratégique pour accélérer la transition vers une économie bas-carbone en permettant de mieux piloter les investissements durables.
- Les infrastructures représentent un levier clé de décarbonation (12,1% de l'empreinte carbone européenne en 2020, plus d'un tiers des émissions totales aux États-Unis en 2024).
- La technologie permet d'optimiser la gestion d'actifs complexes comme les énergies renouvelables et d'identifier de nouvelles opportunités d'investissement alignées sur les objectifs climatiques.
- La qualité et la fiabilité des données apparaissent comme le talon d'Achille potentiel de ces applications, d'où l'importance accordée à leur vérification.
- Le document souligne la complémentarité entre IA et jugement humain plutôt qu'une substitution, positionnant la technologie comme un amplificateur des capacités d'analyse des investisseurs.
Chiffres importants
- 58% : part des services financiers mondiaux utilisant l'IA classique et générative en 2024
- 90% : proportion des équipes financières envisageant de déployer une solution IA d'ici 2026
- 12,1% : part des infrastructures dans l'empreinte carbone européenne en 2020
- Plus d'1/3 : proportion des émissions totales de gaz à effet de serre aux États-Unis provenant des infrastructures en 2024
- 2,5 GW : capacité du portefeuille d'actifs de production et de stockage d'énergies renouvelables géré via la plateforme Opta
- 96% : part des émissions de scope 3 dans les émissions liées aux activités aéroportuaires
Critiques et limitations
- Le document présente une vision très positive de l'apport de l'IA à l'investissement durable, sans approfondir suffisamment les risques potentiels.
- Une perspective plus hétérodoxe pourrait questionner si l'IA ne renforce pas simplement les logiques financières existantes plutôt que de véritablement transformer l'approche de l'investissement.
- Le texte n'aborde pas les questions d'équité dans l'accès à ces technologies: les petits acteurs de l'investissement risquent d'être désavantagés face aux grands groupes disposant des ressources pour développer ces outils.
- L'article reste vague sur les métriques précises permettant de mesurer l'efficacité réelle de l'IA dans l'amélioration de la performance environnementale des investissements.
- La dimension éthique de l'utilisation de l'IA dans les décisions d'investissement (problèmes de gouvernance algorithmique, transparence des décisions, etc.) n'est pas suffisamment développée.
- Le document néglige les potentielles tensions entre optimisation financière et optimisation environnementale, présentant leur alignement comme allant de soi.