Analyse du Document 1 : "Les comportements d’investissement des entreprises sur longue période et dans le contexte de crise sanitaire"
Sujet principal
Ces documents examinent les dynamiques, déterminants et tendances de l'investissement des entreprises en France et dans le monde, en analysant particulièrement les effets de crises économiques et les transitions numériques et écologiques.
Idées principales
- Évolution et structure de l'investissement:
- Le taux d'investissement moyen des entreprises françaises est d'environ 22% sur longue période, structurellement plus faible pour les PME.
- L'investissement corporel domine l'incorporel pour toutes les tailles d'entreprises (82-85% de l'investissement non financier).
- Forte concentration: en France, 2% des entreprises réalisent plus de 88% du montant total d'investissement.
- Grande résilience des investissements pendant la crise Covid, avec un taux d'investissement qui a progressé en 2020 malgré la baisse de la valeur ajoutée d'environ 8%.
- Répartition mondiale de l'investissement:
- Part croissante des économies émergentes dans l'investissement mondial, notamment la Chine qui représente 30% des dépenses d'investissement mondiales.
- Évolution des flux d'IDE: les économies de l'OCDE ont reçu moins de la moitié des flux totaux en 2011-13, contre 80% dans les années 90.
- Les investissements étrangers en France ont rebondi après la crise COVID (22,8 milliards € en 2021), mais ce niveau reste comparable à celui de 2011.
- Déterminants de l'investissement:
- La demande anticipée est le principal facteur explicatif de l'investissement des entreprises.
- L'incertitude a un effet négatif majeur, particulièrement en période de récession.
- Le coût du capital et les contraintes financières jouent un rôle secondaire mais significatif.
- Les conditions d'accès au financement, le Q de Tobin et les anticipations des dirigeants sont également déterminants.
- Impact des crises et transitions:
- Après la crise sanitaire, une accélération des investissements dans la transition digitale (26% des PME) et énergétique.
- Hausse des préoccupations liées au coût de l'énergie: 83% des entreprises européennes citent ce facteur comme obstacle à l'investissement.
- Augmentation des investissements en efficacité énergétique après la crise énergétique (+11 points en un an).
- Impact du durcissement monétaire: la part des entreprises de l'UE insatisfaites du coût du financement est passée de 5% à 14%.
Analyse et conclusions
- Structure de l'investissement en France:
- Forte concentration sur les grandes entreprises qui réalisent 70% de l'investissement avec seulement 1% du nombre total d'entreprises.
- Sous-investissement français dans les machines et équipements (7,6% en France contre 8,4% en Allemagne en 2017).
- Dynamisme de l'investissement en services d'information et communication (+18,5% par rapport à l'avant-crise sanitaire).
- Résilience face aux crises:
- Les dispositifs de soutien public pendant la crise COVID (activité partielle, PGE) ont permis de préserver les capacités d'investissement.
- L'endettement supplémentaire des entreprises pourrait néanmoins freiner l'investissement d'environ 2% par rapport à la tendance.
- La politique monétaire et le contexte économique incertain constituent actuellement des freins majeurs à l'investissement selon l'enquête BEI 2023.
- Transition écologique et numérique:
- Environ 56% des entreprises européennes ont investi dans la lutte contre le changement climatique.
- L'Europe accuse un retard en matière d'innovation: 39% des entreprises de l'UE ont développé des innovations contre 57% aux États-Unis.
- Retard européen dans certaines technologies clés comme l'intelligence artificielle.
- Attractivité de la France:
- Position attractive pour les investisseurs malgré des fluctuations: 1259 projets d'IDE annoncés en 2022, plaçant la France devant le Royaume-Uni (929) et l'Allemagne (832).
- Facteurs d'attractivité: baisse de la fiscalité sur le capital, crédit impôt recherche, niveau d'éducation et d'infrastructure.
Chiffres importants
- 22%: taux d'investissement moyen des entreprises françaises sur longue période
- 88%: part de l'investissement total réalisée par seulement 2% des entreprises
- 30%: part de la Chine dans les dépenses d'investissement mondiales
- 13 milliards €: montant des investissements annoncés lors du sommet "Choose France" 2023
- 68%: proportion des entreprises européennes ayant connu une augmentation de leurs dépenses énergétiques de plus de 25%
- 59%: part des entreprises européennes investissant dans l'efficacité énergétique
- Baisse de 46% des IDE en France en 2023
Critiques et limitations
- L'analyse de l'attractivité de la France pour les investissements ne tient pas toujours compte du contenu en emploi: un projet d'investissement en France crée en moyenne 33 emplois contre 58 en Allemagne.
- La concentration des investissements sur un petit nombre d'entreprises soulève des questions sur le renouvellement du tissu industriel français.
- Le prétendu avantage français en investissement immatériel est en partie dû à des différences de traitement comptable avec les autres pays.
- Des économistes hétérodoxes pourraient souligner la contradiction entre épargne et investissement: l'épargne permet le financement mais constitue aussi à court terme une "fuite" hors du circuit économique pouvant générer du chômage.
- La vision quantitative de l'investissement étranger masque des enjeux de souveraineté économique et technologique.